"Notre histoire rôde à nos côtés"

Publié le par 2047.over-blog.com

Un film et une avalanche de romans en express avant les BD et les concerts enfilés les uns après les autres du mois d'octobre...

 

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Dans mon ancien blog j'avais clamé toute l'admiration portée au génial El Dorado du belge Bouli Lanners, alors quand trois ans après il revient enfin avec Les Géants, j'y cours j'y vole.

Premier bon point: une histoire avec au centre trois (pré) ados garçons, on est donc dans un tout autre univers. Pourtant, les lieux se ressemblent un peu: ces fin-fonds étonnants de vide et de nature de Dieu sait où en Belgique: quelques maisons éparses peuplées des largués du monde, vieux dealers, voisins à barbe blanche ressemblant à un bucheron de contes (on y reviendra), un grand frère arriéré qui frappe tout ce qui passe, et trois garçons donc, deux frères visiblement abandonnés là par leur mère, et un copain, frère du violent. Comme il y a peu j'ai revu Stand by me avec Arthur, on y pense vite mais aussi très vite on bascule dans deux univers bien différents: l'un, assez trash mais jamais montré comme tel, où ces grands enfants fument de l'herbe, volent, conduisent une voiture (et sont même poursuivis par la police dans un champs de maïs !) , piccolent, mais aussi rient et s'amusent comme chaque personne de leur âge: une sorte de tableau tendre d'une dureté disons sociale vite contrebalancé par la force de leur jeunesse. Bouli Laners ne fait pas la leçon, ouf, ne cherche ni cause ni problèmes: il peint seulement, ces sortes de 400 coups d'enfants sans adultes.

Mais peu à peu les problèmes s'accumulent, alors...rien ne les arrête, mais le film dévie vers un halluciné conte traditionnel (forêt, "monstres" humains, gentille fée, petit chateau au bord de l'eau) l'atmosphère change et se teinte d'un fantastique merveilleux assez inattendu, et petit miracle de cinéma le film tiendra en équilibre sur ces deux pôles, refusant de pencher d'un côté ou de l'autre, pour finalement tout oser: jusqu'à cette fin parfaitement amorale qui en dit long sur les particularités du cinéma de ce monsieur. Au final, un film d'une liberté folle, court, tendu comme un arc, pétri d'originalités, aussi drôle qu'émouvant, un pur film de vie qui place son auteur dans un petit coin unique de mes chouchous: celui où se logent les aventuriers qui ne suivent que leur voie. Coup de coeur.

 

Après tout ça je rattrape mon retard et prépare d'éventuels cadeaux de Noël si vous savez pas quoi offrir. Voici une véritable avalanche des romans lus ces derniers temps, en traitement express because pas le temps. Quelques phrases pour mille impressions: sic...

 

ouest.jpg Ouest de François Vallejo est un intrigant roman d'atmosphère dans la Vendée post-révolution: presque un huis-clos entre deux domestiques et leur excentrique maître. Ecrit dans une langue inventive, ça se lit tout seul et c'est pétri de charmes mystérieux.

 

contrebande.jpg Contrebande d'Enrique Serpa est une plongée d'époque (le livre date des années 30) dans le Cuba populaire de bien avant Castro: flamboyant par son choix de regarder la vie jaillissant malgé la misère, c'est aussi un beau roman d'amours et d'amitié, de trahison et de recherche du bonheur. Un moment unique dans un pays qui n'est plus ce qui nous est décrit là.

 

privileges.jpg Les privilèges de Jonathan Dee ou le destin d'une famille aisée américaine comme seuls savant les écrire les américains: ou comment les tourmentes butent sur justement la force de vie de ces guerriers du vingtième siècle: ceux qui s'accrochent au bonheur à tout prix.

 

brooklyn.jpg Brooklyn de Colm Toibin raconte l'odyssée à hauteur de femme d'une jeune irlandaise qui se retrouve catapultée aux Etats-Unis et y construit sa vie, tant professionnelle qu'amoureuse, puis qui revient quelques temps chez elle avant de repartir. Je n'en dis pas plus car des surprises seront là, mais à nouveau c'est un beau destin individuel, celui d'une relative maladresse dans la vie qui s'affirme peu à peu, pour ne pas vraiment aller là où on l'attend. Très belle fin...que je raconterai pas !

 

foudroyes-copie-1.jpg Les foudroyés de Paul Harding ou comment passer royalement à travers un roman...paraît que surgi de nulle part c'est la révélation américaine de l'année, eh ben j'ai rien compris à ce court roman, mais alors rien, pourtant l'histoire est simple, mais j'ai vraiment pas accroché. Mystère de l'année.

 

tijuanastraits.jpg Tijuana Straits de Kem Nunn est un pur roman noir américain à la frontière du Mexique: prenant, noir de chez noir, alternant suspense et espoirs, il y a tout là pour faire un excellent film, il y a surtout un très beau roman d'atmosphère glauque et angoissante: bonne pioche.

 

derniertestament.jpg Les ptits frenchies et les polars à rallonge, après Aurélien Molas et Marin Ledun c'est Philip Le Roy qui offre avec Le dernier testament un gros roman cinématographique à l'enquête haletante (enfin, sur 700 pages ya des longueurs !), un étonnant mélange de kung-fu (si si), d'enquête aux quatre coins du monde, de révélation mettant en jeu les plus puissants du monde, bref ça fait pas dans la dentelle mais ça se lit agréablement, parfois très, parfois moins, à condition d'adhérer à la profusion parfois indigeste de l'imagination du bonhomme.

 

pensionnonne.gif Après le pavé la légèreté, le très court roman de Pierre Veilletet La pension des nonnes est une étonnante fable sur soi et le monde qui nous entoure: ça se lit en une heure, c'est drôle et intrigant, vraiment très surprenant. C'est lui qui a le mot de la fin:

"Car le monde nous rattrape. Notre histoire rôde à nos côtés, nous précède et nous suit. Nous nous retrouvons dans l'espace et le temps, toujours au même point - orphelin à quinze ans comme à cinquante...Seuls les pétrifiés sont les voyants. Caspar David Friedrich le savait.

Aveugle et présomptueux celui qui croit être né dans une ville, ou prétend la forcer. Bienheureux celui auquel, un jour, naît une ville. Alors, tiré de l'exil, il pourra trouver la compassion, dont le besoin prive l'homme de paix et que ne dispensent, par pur caprice, que les cités élues, certaines femmes et les dieux."

 

Et si le plus beau disque de l'année était celui, tiré à 100 exemplaires seulement, de House of wolves ? Humm je penche de plus en plus à chaque écoute vers le oui...

 


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